Depuis hier soir, je suis de garde et cela pendant encore 48 heures, ayant accepté de prendre une des gardes d'un mes collègues qui m'a presque supplié de le remplacer quand il a reçu un message de sa petite copine pour lui annoncer que leur bébé arrivait plus tôt que prévu.

C'est la raison pour laquelle, je suis encore ici alors que je devrais être en train de dormir tranquillement dans mon appart que je partage avec une des infirmières de ce service. Tu as été un des premiers en dehors de la sage femme a pouvoir voir le fils du collègue que je remplace avant de le rendre aux parents qui sont très heureux de la naissance de ce bout de chou qui se porte merveilleusement bien malgré que ce soit un prématuré. Je l'ai fait placé en couveuse dans le service de néonat où les parents pourront venir le voir très souvent si ils le désirent.

Cela fait à peine un quart d'heure que j'ai été m'allonger dans la salle de repos qu'une infirmière est venu m'avertir qu'un enfant et un adulte m'attendent dans la salle d'auscultation. Je me redresse et me passe un coup d'eau sur le visage en lui disant que j'arrive.

Une fois devant la salle, j'entre après avoir frappé un petit coup à la porte tout en prenant la parole.

- Bonjour, je suis le médecin de garde ! Qu 'est ce qui se passe, mon grand ?

Je n'ai même pas jeté un coup d'oeil à l'adulte l'accompagnant, l'enfant étant le plus important à mes yeux à ce moment là mais quand j'entend que ce fameux adulte prononce mon prénom et mon nom, je pose alors mon regard sur lui.

- C'est bien moi ! On se connait ?

Son visage me dit bien quelque chose mais ma mémoire me fait défaut pour retrouver son nom et où est ce que j'ai bien pu le rencontrer. Je repose mon regard sur le petit garçon en souriant.

- Enchanté Matteo ! Et si tu me disais ce qui t'arrive et où tu as mal ? Que je puisse rassurer ton papa qui est déjà en mode panique...

J'ai à peine poser mon regard sur le père de ce petit garçon, préférant me concentrer à fond sur le petit bonhomme qui a mal avant de demander au père de celui ci de le suivre une fois que le petit homme s'est endormi, faisant signe dans le même temps à une infirmière de s'occuper de celui ci.

Une fois la porte refermée derrière le père, je me retourne vers celui ci, le regardant plus attentivement quand il demande la suite des soins de son fils.

- Il n'aura pas besoin d'un plâtre mais une simple atèle devrait suffire... Cependant, il pourra prendre l'avion pour retourner chez vous mais pour plus de sécurité, on va devoir le garder en observation pendant 24 h...

Le raccompagnant à la porte, je me retrouve plaqué contre la porte de mon bureau, ses lèvres contre les miennes, je répond à son baiser avant de le repousser doucement.

- Je n'avais pas besoin de ça pour me souvenir de toi... Contrairement à toi, je n'ai jamais oublié ce baiser et ta fuite qui a suivi... Apparemment, tu m'as vite oublié, hein...

Je retourne derrière mon bureau avant de m'y installer, tentant de reprendre mon côté pro alors que mon coeur bat rapidement, pas à cause de ce baiser mais à cause de la rancoeur qui monte en moi en songeant qu'il a fait un gosse à une fille, n'arrivant pas à comprendre pourquoi il revient comme ça et surtout pour m'embrasser.

- Tu devrais prévenir ta femme... Ou la mère de cet enfant pour la prévenir...

Je m'installe derrière mon bureau pour mettre de la distance entre nous et ne pas craquer en quelques minutes. Je ne m'attendais absolument pas à le revoir mais je n'ai aucune intention envers lui à ce moment là. Je l'écoute me répondre et franchement, je ne m'attendais pas à tout ça comme réponse et réaction.

- Je ne comprendrais jamais comment on peut faire un enfant tout en étant pas amoureux de la personne en question...

Malgré tout, je ne peux empêcher un sourire s'afficher sur mes lèvres quand il me parle de n'avoir personne dans sa vie. Je secoue la tête négativement à la suite de ses mots.

- Bien sur que non ! Mais je pensais te voir l'été suivant... Je comprends pourquoi tu n'es plus revenu maintenant... Toutes mes condoléances avec du retard...

J'aurais pu l'interrompre en voyant la lueur de tristesse passer dans son regard mais au final, je le laisse se reprendre et continuer ses explications mais quand il lui avoue qu'il aurait voulu perdre sa virginité avec lui, il ressent un pincement au coeur puisque de son côté, il a ressenti la même chose pendant très longtemps.

- Ce baiser voulait dire beaucoup de chose pour moi... Tu es le premier garçon que j'ai embrassé même si je savais déjà que les garçons pouvaient me plaire autant que les filles... J'aurais également voulu perdre ma virginité avec toi mais on ne peut pas refaire le passé malheureusement...

C'est à mon tour de lui avouer certaines choses qui ont eu lieu après son départ et qui ont forcément changer beaucoup de choses dans ma vie.

- Si personne n'a pas te renseigner c'est parce que personne ne savait où j'étais sauf ma famille proche... J'ai bossé comme un malade pour faire les études que je voulais et quand j'ai eu mon diplôme et que j'ai été accepté à Florence pour faire mes études de médecine, je n'ai pas hésité une seule seconde même si mes parents ont tenté de m'en dissuader pendant très longtemps... Me retrouver à un peu plus de 16 ans tout seul dans une ville que je ne connaissais pas n'a pas été facile... Et tu n'as pas pu avoir de renseignements de la part de ma famille, mes parents ont divorcé quand j'ai surpris mon père avec une de ses maitresses... Je suis responsable de leur divorce...

Je tente de retenir le sourire qui essaye de s'imprimer sur mes lèvres aux derniers mots qu'il vient de prononcer et même si j'aurais adoré qu'il me les dise y'a des années, les entendre aujourd'hui me rend très heureux.

- Tu as dit que tu reprenais l'avion pour Chicago où j'ai rêvé ?

Je reste sans voix quelques instants quand il parle de mail qu'il m'a écrit et auxquels ne n'ai pas répondu avant de sentir une colère sourde monter en moi.

- Je n'ai jamais reçu tes mails, Caleb... J'y aurais répondu sinon... Je ne vois que mon père qui a pu les effacer... Il n'a jamais vraiment accepté que je puisse avoir des relations avec des gars...

Quand il me demande de façon indirecte ce que j'aimerais qu'on fasse pendant les 48 heures qu'il nous reste, j'hésite un moment... Pas parce que j'en ai pas envie mais parce que je ne sais pas ce que deviendra notre relation avec la distance.

- Si on se laisse une seconde chance, pourquoi s'arrêter à ses 48 petites heures ? Ma mère habite à Chicago depuis 2 ans... Mais je n'oublie pas que tu as un fils et je ne sais pas si il m'accueillera à bras ouvert... Nous 2 c'est une chose mais il y a maintenant un enfant dans la balance et il faut avant tout penser à lui...