Il y fit alors sa place, dans la Kensington Agency, accueilli comme un prince pour avoir l'honneur de porter le nom de la boite. On l'insultait aussi de pistonné, parfois, mais le fait était d'une telle évidence qu'il en riait. D'autres, des femmes surtout, testèrent leur charme sur le fils héritier, surtout par opportunité. Si parfois il se laissait tenter, ça finissait toujours en regret. Sauf une fois, une seule fois où il lui sembla avoir une bonne étoile. Elle était belle, blonde, grande et fluette comme la majorité des top modèles, mais elle, elle avait ce truc en plus qui fit de lui un amoureux transit. Il pouvait passer des heures à la contempler, que ce soit sur le podium ou sous les draps. Il en aimait tout, au point qu'au bout d'à peine deux ans un nourrisson poussait déjà dans son ventre. Grossesse désirée, symbolisant l'affection profonde qu'ils se portaient. La bonne nouvelle accentua son envie de l'épouser, il y songea toujours plus et l'éventualité faisait briller les prunelles de la jolie blonde. Il en était sûr, il avait trouvé la bonne et c'était des années de bonheur qui les attendaient. Certitude qu'il garda jusqu'à en trouver un autre dans son lit, arcbouté sur la belle. Maddox en devint fou, revoyant chaque fois ses mains sur le dos de cet homme, et leur passion palpable qui le fit douter de la véracité de celle qu'il pensait partager avec elle. Et cet enfant, son enfant, qui poussait dans son ventre. Il enragea à nouveau à l'imaginer grandir loin de lui. Dans un hurlement de colère, il lui promit qu'il deviendrait un père responsable, quoi qu'elle puisse tenter de faire.

Période sombre, le coeur en miettes. Tête harcelée de rancoeur et de peur. Il pensait au futur, il pensait au bébé. Partagé entre l'envie de mener l'histoire en justice et lui laisser une chance de négocier, gardant bon fond malgré la souffrance qu'elle avait créée. Ils avaient alors fini par se revoir. Discussion franche, passer son temps à se fixer, tous deux avec les idées bien fermées, bornée autant que lui la salive coula à flot avant qu'un accord ne s'impose, la jeune femme obligée d'abdiquer quand, poussé par son entêtement égoïste, il lui rappela que son nom lui assurait de gagner gain de cause. Alors ils se mirent d'accord, il aurait la garde principale et elle conserverait son droit parental, tout en ayant le droit de la garder le temps de périodes définies. Il se fit traiter de monstre, à ne pas accorder mieux à la mère de l'enfant à venir, mais il ne voyait déjà plus que la protection de ce petit bout de lui et la confiance qu'il ne parvenait plus à avoir en elle. De toute façon, et sur ce point ils étaient d'accord, le train de vie qu'elle avait était trop instable pour apporter un cadre sain.

Puis quelques mois plus tard, sa fille était née, petite tête blonde au visage d'ange qu'il aimait déjà comme un fou. La prunelle de ses yeux, il se savait déjà prêt à tout pour elle. Il fut présent à l'accouchement, malgré la situation particulière, assumant déjà son rôle de père. Ils l'appelèrent Jenny, dernier accord entre eux. Petit nom tout doux pour une demoiselle qui l'était tout autant.  Quatre années passèrent depuis, où la petite aura grandit et où le photographe aura apprit à être un père. Du temps passé, balloté entre les prises de bec avec l'ex, les séances photos et les instants plus tendres auprès de son diamant. Des milliers d'heures qui défilent, marquant un peu plus un homme qui encore se forme, tourné vers son avenir.