Le volume de la musique était si fort qu’on avait du mal à s’entendre sans crier, et c’était justement des beuglements de garçon presque titubant à cette heure là qui rythmais la fin de soirée. J’aimais ce genre de soirée, du moins le début, quand tout le monde n’était encore pas à moitié ivre.

J’ai bu ce soir, assez pour m’amuser un peu, mais je connais les limites à ne pas dépasser pour ne pas abimer mon corps de footballeur. Si je veux être professionnel un jour, je dois garder une certaine hygiène de vie, quoi qu’en pense les autres trop aveuglé par leur propre désir d’un soir.

Au départ j’étais venu dans l’espoir de trouver Emma, elle venait souvent à ce genre de soirée, pour me narguer au bras d’un garçon, mais pas ce soir. J’étais à la fois un peu frustré, et intrigué en observant une autre fille ce soir, cette blonde que j’avais déjà vu quelque part, mais sans arriver à me souvenir où.

Elle paraissait s’amuser aussi, toujours entourée d’un panel de garçon qui lui faisaient les yeux doux. C’est très facile quand on est blonde avec un corps comme le sien, ce sourire et sa façon de bouger sur la musique pour se faire des amis. Pourtant la belle semblait souffrir du même mal que moi en cette fin de soirée.

J’avais un verre de jus d’orange à la main depuis déjà plus d’une heure, mais cette fois à l’inverse c’était beaucoup moins facile pour une jolie fille de refuser les assauts lourds et pesant d’une bande d’étudiants ivre et en rut. Ce garçon lui proposait un autre verre avec insistance, et malgré le refus de la blonde, il n’écoutait rien du tout.

- Elle t’a dit non, elle n’a plus soif.

Une main sur l’épaule du garçon, je le fais reculer tout en soutenant son regard, une façon de me faire entendre. Il sait qui je suis, tout le monde sur le campus me connais, enfin presque, et il sait aussi qu’il ne devrait pas jouer au con.  J’attrape son verre qu’il voulait désespérément offrir à mademoiselle, et lui renverse sur la tête.

- Tu devrais rentrer chez toi maintenant, ta maman va t’attendre.

En le faisant reculer d’une façon plus brute, je l’écarte une fois pour toute de la belle inconnue pour l’envoyer quelques mettre derrière nous dans les bras d’autre gars qui le récupère en lui disant de laissé tomber.

Je ne suis pas du genre à me battre, enfin, sauf quand c’est nécessaire, et je crois que ce soir ça l’était, même si je me rends compte que j’avais peut-être gâché ma seule chance de pouvoir aborder cette fille dont le visage continuait de me tarauder. Où est ce que j’ai bien pu voir cette fille avant ce soir, ça n’était pas sur le campus, du moins, pas dans mon souvenir.

- Ce garçon ne t’ennuiera plus.

La soirée portait doucement sur sa fin, du moins on pouvait dire que la plupart des participants avaient assez bu pour partir se coucher. Quand j’étais arrivé au secours de la blonde, je n’avais pas forcément d’arrière-pensée, seulement cette idée un peu perturbante que je l’avais déjà vu quelque part.

- C’est rien, ne lui en veut pas, il est un peu lourd quand il a bu.

Ça n’était pas ma première soirée, et je connaissais la plupart des gars de la fraternité. C’est aussi pour ça qu’il était parti sans trop discuter, et qu’il me laissait de l’espace avec la jolie blonde. Je souris à ma voisine, la dévisageant un instant, toujours à me demander où est ce que j’aurais bien pu la voir avant.

- Je croyais que tu n’avais plus soif ?

Quand elle propose de me payer un verre, je blague un instant, une blague qui pourrait se retourner contre nous. Si le mec qu’on a évincer nous retrouve en train de boire sans lui, il comprendra clairement qu’on a fait exprès de le virer.

L’ambiance de fin de soirée était clairement pesante, et je n’avais pas envie de me battre chaque quart d’heure avec un gars différent pour passer du temps avec la blonde. Je me contente de lui tendre la main pour qu’elle me donne la sienne en retour.

- Je crois qu’on a vu le meilleur de la soirée. Si tu veux, on peut aller se promener dehors, on sera plus tranquille pour bavarder ?

Avec la musique et les soulards autour de nous, c’était plutôt difficile de parler. Je proposais à ma voisine de nous éclipser discrètement pour profiter un peu de la fraicheur de cette douce lune pour éliminer les restes d’excès de la soirée.

Si j’étais conscient que ma proposition pouvait sembler inappropriée, je ne comptais pas forcer la blonde à faire quoi que ce soir. Je me contentais d’attendre, d’observer et de jauger sa réaction à ma proposition.

- Tu habites loin d’ici ? On pourrait marcher jusqu’à chez toi, comme ça je m’assure que personne ne t’embête sur le retour.