La journée d’aujourd’hui aurait dû être, une journée, parfaite. Une randonnée avec sa compagne afin de préparer une activité. Cela devait être une activité découverte de la nature. En même temps, cela devait permettre de voir Chicago d’une autre façon, voire redécouvrir sa ville, ces coins qu’on avait oubliés. Elles avaient enfilé leurs chaussures et leurs vêtements de randonnées. Les sacs à dos avaient été chargés avec de l’eau, des en-cas et une trousse de secours. Elles s’étaient rendues sur le lieu de départ et avaient commencé leur marche. Elles profitaient de la vue, de l’instant présent, relevant les éléments qui seraient nécessaire, préparant les activités. Soudainement, avec un seul message, les choses avaient mal tourné. Lilanne avait reçu un SMS d’une collègue, ladite personne voulait s’assurer que les choses se passaient bien, elle lui demandait si elle avait tout le matériel nécessaire. Lily s’était arrêtée pour répondre que tout était OK, et ce fut le moment où tout est parti en vrille. Sa compagne avait commencé à s’emporter, l’accuser de la tromper et tout ce qui allait avec. Lil’ s’était emportée également, elle ne supportait plus ce comportement. Elle avait bien explicité à sa compagne que cette promenade faisait deux pierres d’un coup. Elle avait fini par laisser sa compagne en plan, elle avançant plus rapidement. Elle s’était même mise à courir, chose exceptionnelle. Et ce fut là, le moment du deuxième dérapage, au sens propre comme au figuré. Elle avait dérapé, s’était tordu la cheville, et avait fini par dégringoler en contrebas d’une grosse côte. Elle avait même perdu connaissance.

Elle s’était réveillée à l’hôpital dans une chambre. Sa compagne était là, à ses côtés la mine défaite. Lilianne avait commencé à s’emporter, lui dire de sortir et de crier. Aussi, vite, une infirmière était arrivée, avait demandé à l’autre demoiselle de sortir. Dans l’état de son réveil, elle n’avait pas remarqué qu’elle était plâtrée au bras et à la jambe gauche. Elle fut même prise d’une violente nausée et soudain, d’une douleur fulgurante au niveau de ses côtes. Elle ferma les yeux et il lui sembla que la terre trembla. Elle s’accrocha se forçant à contrôler sa respiration. L’infirmière attendait calmement avant de lui expliquer ce qui lui était arrivé : fracture de l’humérus, entorse de la cheville, une branche lui était rentré dans le ventre, rien de grave n’avait été touché, mais il avait fallu le retirer et suturer et pour combler le tout, elle s’était faite une commotion cérébrale sur une pierre. Elle était bonne pour quelques jours d’observation et un soin régulier par la suite. Elle devait se reposer beaucoup et éviter les émotions fortes, de bouger et toute stimulation. Rien qu’aux explications, elle se sentait déjà bien fatiguée. Elle remercia l’infirmière qui repartit afin de la laisser se reposer. Elle s’endormit bien rapidement, plus rapidement qu’à son habitude.

Ce fut au milieu de la nuit qu’elle se réveilla, elle avait mal et faim. Elle appela donc l’infirmière, appréciant étrangement la pénombre dans laquelle elle se trouvait.

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Une infirmière arrive rapidement. Elle tente de ne pas trop regarder lorsqu’elle ouvre la porte, elle craint un peu de retrouver un mal de crâne ou des nausées. Elle tourna la tête une fois que l’infirmière fut rentrée dans la chambre. Afin de la regarder pour lui parler, marque de politesse. Elle observa la jeune femme, visiblement brune aux yeux foncés. Elle lui fit un sourire.

- Bonjour, je suis mademoiselle Barnes. Je suis désolée de vous déranger en pleine nuit visiblement. Je dois vous avouer que je commence à vraiment avoir mal au niveau de mes points de suture. Et aussi que j’ai assez faim. J’ignore l’heure, mais je n’ai pas mangé depuis un moment, bien avant mon arrivée. Je sais que je suis arrivée dans la matinée. Le dernier repas, date donc de ce matin. Je ne sais pas s’il y a eu quelque chose de prévu pour le repas. J’aurais bien été cherché quelque chose au distributeur, mais je crains de ne pas y arriver avec la lumière. J’ai également eu une commotion. En plus, avec un plâtre au bras et au pied, je crains de ne pas savoir aller loin.

Elle avait dit ces deux dernières phrases, en baissant légèrement le ton, comme si elle était un peu honteuse. C’était le cas. Elle aimait pouvoir prétendre être indépendante et là, ce n’était pas du tout le cas. Avec les deux plâtres, elle aurait même du mal à aller toilette seule. Elle devrait aussi appeler pour aller à la toilette. Enfin, ce n’était pas si loin, peut-être pourrait, elle sautait jusque-là. Elle se sentait un peu mal de se trouver aussi dépendante. Deux plâtres, c’était compliqué en plus avec la commotion qui l’épuisait bien plus vite, elle l’avait rapidement compris, mais avec ses points de suture sur les côtes, c’était encore un peu plus compliquer. Elle ne s’était pas ratée dans cette chute.

- En temps normal, je serais bien allée seule si j’avais pu. Je me sens un peu pitoyable. Je ne me suis vraiment pas ratée avec cette chute. Le pire, c’est que je ne me souviens pas plus loin que de ce moment où j’ai commencé à glisser. Et puis le trou noir jusqu’à ce que je me réveille ici.

Elle se sentait un peu stupide et avait l’impression de devoir se justifier. C’était idiot, au fond, elle le savait. Mais la gêne de devoir demander autant d’aide était bien plus forte. Elle n’avait pas trop l’habitude de le faire. Et, puis elle se demandait si la scène de sa compagne au réveil avait fait des échos plus loin. Elle se demandait même si elle pourrait la revoir demain. Et elle voulait espérer qu’elle soit plus calme le lendemain, mais ce serait une autre histoire.

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L’infirmière est vraiment gentille. Elle propose différentes solutions. Elle parle même de vérifier ses sutures. Maryam distingue qu’elle semble compter sur ses doigts, mais elle ne voit pas assez bien dans cette pénombre. Le repas chaud est ce qui l’intéresse le plus, mais est-ce que c’est encore possible. Elle doute quand même, mais se dit qu’elle va tenter, qui ne tente rien n’a rien dit ont toujours. Elle n’aime pas les hôpitaux, c’est qu’il y a toujours des malades et on ne peut pas faire ce qu’on veut. Soudainement, elle pense à ses passions. Elle ne pourra pas les pratiquer pendant un moment. Même son métier. Elle allait partir dans ses pensées quand une crampe de faim lui rappela le sujet de son appel.

- Je veux bien que vous alliez voir s’il reste un repas chaud de côté. Sinon, je me contenterai du distributeur… Mais on peut s’accorder que généralement, il ne comporte pas de chose saine. Et pas toujours remplissante. Je ne sais même pas où a été rangé mon sac… Pour mes points, peut-être, mais je pense plus que c’est la douleur due à la chute. J’ai un peu mal en respirant. Tout à l’heure, on m’a expliqué que j’aurais probablement mal encore quelque temps.

Elle a l’impression que l’infirmière la dispute un peu de se sentir pitoyable dans l’état dans lequel elle est. Elle sait que ce qu’elle dit est vrai, cependant, ça ne fait pas d’effet. Elle ne se sentait pas mieux pour autant. C’était vraiment la chute la plus ridicule avec des conséquences lourdes. Et on ne peut pas dire que sa compagne a vraiment été du genre rassurante. Elle pinça les lèvres.

- Je sais que ce que vous dite est vrai, mais ça ne change pas grand-chose. C’est extrêmement idiot ce qui m’est arrivé. Et mon réveil n’a pas été des plus simples. Même si la présence de mon amie m’a fait un peu de bien. Pour l’instant, ce n’est pas rose avec ma compagne. J’espère que demain, elle sera calmée. Je n’ai pas envie de revivre une autre crise.

Elle soupira avant de regarder le plâtre qu’elle avait à la jambe. C’était la première blessure, ça, elle pouvait en être certaine.  

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Lilianne se contenta de hocher la tête en entendant qu’elle se comprenait qu’elle n’avait pas une petite faim. Oui, elle n’avait pas encore eu l’occasion de manger. Elle l’entendit dire qu’elle allait chercher de quoi manger et prendre de quoi soulager la douleur. Elle répondit de la même façon. Elle se sentait un peu faible et fatiguée, même si la douleur et la faim lui tiraillait le ventre. Elle pinça les lèvres en la voyant partir. Elle se posa un peu plus sur le coussin, et ferma les yeux afin de se reposer un peu. Cependant, elle avait du mal. Son corps la tenait réveillée.

Elle se tourna en entendant la porte s’ouvrir à nouveau, elle sentit une odeur de pâte et de tomate. Cela lui semblait véritablement tentant. L’infirmière lui propose de partager son repas, des spaghettis bolognaise. Elle lui expliquait qu’elle ne connaissait pas beaucoup de monde. Elle lui proposait de discuter. Elle hocha la tête.

- Je ne voudrais pas vous ennuyer, et encore moins vous priver de votre repas. C’est vraiment gentil. La pause, n’est-elle pas l’occasion d’apprendre à connaître vos collègues ? Loin de moi, l’idée de vous éjecter. Je cherche à comprendre.

Bien sûr, l’assiette lui faisait de l’œil. Elle mourrait d’envie de les manger, mais elle ne voulait pas la priver de son repas. Elle se sentirait mal de retirer la pitance de la bouche d’une personne, encore plus d’une infirmière. Elle aurait peut-être besoin de force pour la fin de sa nuit. Elle, elle passerait son temps à dormir. De temps en temps, elle se réveillerait, réclamant un calmant. Probablement, profiterait-elle d’une visite de temps en temps. Mais elle n’allait pas devoir courir partout et peut-être faire du travail physique.

Elle n’avait pas non plus trop envie de parler de ce qui la tracassait. Même si la jeune femme lui inspirait quelque chose. Elle se sentait bien en sa présence, elle appréciait sa voix, même si elle ne voyait pas parfaitement ses traits dans la pénombre.

- Ça ne vous gênerait pas de manger dans cette pénombre ? Je crains malheureusement de ne pas tenir longtemps dans la lumière. Je vois encore très bien comme ça, mais pour vous… La lumière du couloir est bien blanche. Je ne veux pas vous créer des soucis.

Elle était sincère. Est-ce qu’une infirmière pouvait manger avec une patiente ? Surtout si elle ne la connaissait pas ? Est-ce que quelqu’un lui en voudrait si elle restait là plutôt de manger avec les autres ? Lilianne ne connaissait pas les règles de l’hôpital et ne voulait réellement pas provoquer de problème.

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Elle ne put s’empêcher de sourire quand elle déclara qu’elle avait fait trop de pâte pour elle. Il ne lui en fallut pas plus pour qu’elle se jette sur son assiette. Enfin tout en restant civilisée. Manger lui faisait du bien, elle devait le reconnaître. Plus de douze heures, sans manger pour la sportive qu’elle est, c’est difficile. Surtout qu’elle avait déjà bien dépensé avant sa stupide chute. Elle ne vit pas le clin d’œil de l’infirmière, il faisait un peu trop sombre et la table était dans un coin un peu plus reculé. Peut-être qu’on y voyait bien dans ce coin, mais pas de son angle de vision.

- Merci. Ça me fait du bien de manger.

Elle le laissa développer qu'elle semblait plus encline à s'occuper des patients qu'à s'intégrer dans une équipe. Elle, elle aimait autant s'occuper de son public que de ses relations avec ses collègues. Chacun ses spécificités ! Lilianne se stoppa un instant quand l’infirmière déclara que la présence des autres la dérangeait pour manger. Elle ne savait pas vraiment comment réagir à cette annonce. Elle était bien éveillée, toutefois, la demoiselle mangeait avec elle. Elle inclina légèrement la tête sur le côté, ce qui signifiait qu’elle était intriguée, oui, c’est une réaction purement animale ou du moins typiquement canine. Son interlocutrice tendant de se reprendre, mais la curiosité, l’étonnement et le trouble restait présent chez la rousse. Faisait-elle partie de ces gens qui préfèrent être chez eux que de sortir et de voir du monde ?

- Je crois que vous n’aimeriez pas mon métier alors. Je suis charmée de la communication visuelle et graphique dans un centre culturel. J’ai également parfois en charge certaines animations. Généralement axée sur mes passions et mon métier en même temps. Je dois côtoyer beaucoup de monde au quotidien. Heureusement pour moi, je suis très sociable. Il ne faudrait pas être jaloux quand on sort avec moi. J’ai même beaucoup de mal avec ce trait de caractère en réalité.

Elle se stoppa dans son discours. Elle était prête à continuer, mais elle se rendit compte qu’elle était un peu double sur le coup. Elle ne supportait pas la jalousie et pourtant, elle supportait les crises de sa compagne. Bien sûre, elle n’avait pas été comme ça depuis le début de leur relation. Sinon, elle ne serait jamais sortie avec lui. Ce trait de caractère en réalité était plus que récent. Pour faire passer son silence, Lilianne avala encore un peu de son repas. Elle ne voulait pas non plus lui donner les détails de sa relation. Pourtant, en temps normal, ce n’était pas une chose qui l’ennuyait.

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Elle comprenait ce que disait l’infirmière, bien qu’elle n’ait jamais été éduquée dans la méfiance. Elle aimait bien un repas dans le calme, sans dispute et prise de tête, souvent sans parler en réalité. Lilianne se fit la réflexion qu’elle devrait probablement être plus sélective sur ses proches.

- Je peux comprendre, étrangement, il n’y a qu’avec vous que ça ne me dérange pas de parler en mangeant. En temps normal, c’est assurément un des seuls moments où je me tais. Et dans ces moments-là, je n’aime pas trop qu’on me parle. Mais avec vous, c’est différent.

Elle l’écouta parler de la jalousie avec un léger sourire. Elle parlait à une personne convaincue. Elle n’avait jamais supporté ce trait de caractère. Si cela avait été le cas directement chez sa compagne, elle ne serait jamais sortie avec. Cela ne faisait vraiment pas longtemps qu’elle avait ce genre de comportement. Elle se demandait bien ce qui prenait à sa douce et tendre.

- Oh, croyez-moi, je suis totalement de votre avis. Je ne supporte pas ça. C’est même un détail qui me fait fuir avant de me mettre en couple. Et qui a tendance à bien me refroidir même après des années. Surtout que la jalousie fait faire des bêtises pour les deux membres du couple. J’en suis la preuve vivante.

Elle reprit une bouchée et puis se rendit compte que sa phrase pouvait être parfaitement mal interprétée, elle s’étouffa un peu avec ses pâtes tant elle s’empressait de tenter de corriger.

- Avant méprise, je tiens à préciser que ce n’est pas elle qui m’a fait ça. Je la pense bien incapable de faire le moindre mal. Non, c’est davantage parce que j’ai couru en terrain peu sûr et plutôt mauvais pour m’éloigner d’elle. Et j’ai fait une bête chute, car j’étais distraite avec la colère.

Elle se sentait assez stupide d’apporter une possible confusion dans ses paroles, ce n’était bien évidemment pas ce qu’elle voulait. Et même si ce nouveau comportement questionnait son couple, elle ne voulait pas pour autant lui crée des problèmes. Ce n’était pas son intention. De plus, elle avait vécu de merveilleuses années avant ça.

Elle sourit alors que l’infirmière lui demandait son prénom sous prétexte qu’elle connaissait quelque chose sur elle.

- Moi, c'est Lilianne, mais beaucoup de mes proches utilisent un diminutif comme Lil’, Lily, Lia ou même Anne. Par contre, je ne me souviens pas que vous ayez donné votre prénom. Juste ton nom de famille.

Elle essaya de faire un clin d’œil sans être certaine que l’autre pourrait la voir. Elle trouvait vraiment la jeune femme charmante.

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